Neuchâtel

Voie royale pour le privé

Hôpital neuchâtelois

Faire abstraction de la volonté populaire commence à devenir une fâcheuse habitude à Neuchâtel. En acceptant en février l’initiative «pour deux hôpitaux autonomes et sûrs», les citoyens pensaient, un peu naïvement sans doute, pouvoir disposer in fine de deux structures publiques viables de soins aigus, dans le Haut et sur le Littoral (ce choix confirmait d’ailleurs un précédent vote du peuple en 2013, remis en cause par le Conseil d’Etat en 2015). Si le groupe de travail chargé de mettre en œuvre l’initiative n’a pas encore rendu ses conclusions, tout laisse à penser que la volonté d’Hôpital neuchâtelois (HNE), des autorités et des acteurs privés, qui lorgnent férocement du côté des Montagnes neuchâteloises, ne va pas dans le même sens que celle du peuple.

Avant la votation de février, le groupe de cliniques privées Genolier (GSMN) avait déjà fait part de sa volonté de «s’installer durablement sur l’Arc jurassien» pour profiter de ses infrastructures et offrir des prestations de soins aigus. Alors que les autorités et HNE ne cessent d’expliquer qu’un véritable hôpital dans le Haut n’est pas viable financièrement et en termes de recrutement, la prospère société y voit au contraire un marché à conquérir.

Un marché que l’on préfère apparemment céder tant les obstacles qui se dressent sur le chemin de la firme privée disparaissent facilement. Comme par exemple en janvier, lorsque Genolier et HNE annonçaient un partenariat dans des domaines médicaux qui aurait dû modifier la liste des missions hospitalières cantonales. Collaborations qui pourraient s’intensifier, comme annoncé par les deux entités jeudi. Pour obtenir l’une de ces fameuses missions, il aurait fallu ratifier la Convention collective cantonale du domaine de la santé, chose que Genolier a toujours refusé de faire. Qu’à cela ne tienne! La droite du Grand Conseil a accepté en mars de biffer des lois toute mention du partenariat social qui venait d’être renégocié et accepté par les parties, notamment les employeurs publics (un choix combattu par un référendum de la gauche). A ces obstacles qui s’évaporent s’ajoute un environnement particulièrement propice au fameux partenariat public-privé.

Alors certes, les Montagnons reviennent de loin et sauront sans doute se contenter d’un hôpital de soins aigus près de chez eux, fût-il privé. Mais le chemin qui semble être pris, s’éloigne sensiblement de la volonté populaire. Décidemment, une fâcheuse habitude dans ce dossier hospitalier. i

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