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J’en «Neymar» du foot!

Patrice Auro commente le transfert du footballeur Neymar Jr du club du FC Barcelone à celui du Paris Saint-Germain (PSG).
Sport

Dans l’apathie médiatique de l’été, le football nous a sorti un joker de son maillot: l’achat de la star incontestée du football mondial par le club du PSG: Neymar Jr. Qu’est-ce qui définit la qualification de «star» d’un joueur de football? C’est sa cote dans le «mercato» (le «mercato», c’est comme la foire aux bestiaux de Montbert/commune de Loire-Atlantique, mais au lieu d’y acheter ou bien d’y vendre des bovins, on y achète et on y vend des joueurs de football…).

Miser 222 millions d’euros sous les seuls crampons d’un joueur, c’est la démesure qu’a atteint aujourd’hui le monde du football. Seules des personnes qui attribuent la même valeur à un billet de 500 € qu’à un grain de sable peuvent se permettre ce genre d’insanité. Cette démarche existe, car elle correspond à une réalité de marché qui est celle «de l’offre et de la demande». Si un club de football vend un joueur à un prix pas même imaginable pour le commun des mortels, c’est parce qu’il sait qu’il existe un club capable de l’acheter… Ce club a acheté ce joueur «sans même en négocier le prix» précisent les experts d’Eurosport. Cela constitue une «insulte aux petites gens».

Ce qui est dommageable dans cette démarche «faustienne», c’est de penser que tout peut s’acheter. Quelles que soient les capacités exceptionnelles de ce joueur, rien ne justifie une telle gabegie. Pour justifier son transfert, Neymar Jr (NEYMAR Da Silva Santos Junior) explique que «c’est le choix du cœur qui l’a orienté vers Paris…» (Après «le lit en portefeuille», le cœur en portefeuille?). Neymar Jr est une valeur rentable, car acheté 86,6 millions d’euros en 2012 par le FC Barcelone, il est revendu presque trois fois son prix cinq ans après. A supposer que les acheteurs qataris, qui ne sont pas des philanthropes («personne qui met l’humanité au premier plan pour améliorer le sort de ses semblables»), visent la même rentabilité, Neymar Jr se «vendra» 650 millions d’euros dans cinq ans!

Comment ne pas succomber aux réactions habituelles que suscitent des mouvements d’argent de cet ordre? Que pensent les 795 millions de personnes qui chaque jour ne mangent pas à leur faim (étude FAO 2015) ou les 702 millions de personnes (soit 9,6% de la population mondiale) qui vivent en dessous du seuil de pauvreté (AFP/Le Monde 2015)? Rien! Car pour ces personnes, ce jour qui se lève sera le dernier si elles ne trouvent pas de quoi subvenir à leurs besoins.

Le football est un sport, et comme tous les sports, il a sa place dans nos sociétés, dans le monde, et ceci depuis des décennies, voire des siècles. J’ai vu un stade de football (avec vestiaires et gradins) au Honduras (Copàn Ruinas) où les Mayas (300 ans après JC) jouaient déjà avec une balle en latex (les Mayas exploitaient le latex). C’est «la machine à sous» qu’en ont fait les affairistes du monde du football qui le rend abject. Joueurs, arbitres, dirigeants de club membres de la ligue piochent de façon éhontée dans ce trésor sans fond. La répartition des droits à l’image fait l’objet de négociations qu’il vaut mieux ne pas connaître, sans parler de l’attribution «hasardeuse» de la prochaine Coupe du monde au Qatar en 2022. Il est évident que le Qatar est le pays idéal pour ce type d’évènement sportif (36°C en moyenne).

Le football a-t-il encore sa place en tant que sport de masse populaire et éducatif en 2017? Le football a le même rôle que celui que lui avait donné Jules César en prononçant ces paroles, gravées dans le marbre du Colisée, «PANEM CIRCENSES» (du pain et des jeux «du cirque»). Une stratégie mise en place par ce tyran pour calmer le mécontentement du peuple prêt à se soulever. Dans notre société où tout est précaire, à commencer par le travail (qu’il faut reconsidérer dans ses fondements), le problème reste le même: amuser le peuple pour lui faire oublier ses tracas quotidiens. Qui remplit les stades et donc les caisses des clubs de football? Le public, son public! Un public le plus souvent issu des couches sociales défavorisées, et ceci aux quatre coins du monde (France, Argentine, Maghreb, Afrique, Mexique…). Ces «aficionados» du ballon rond consacrent une partie de leur SMIC, quand ce n’est pas le RSA (480 €), pour aller voir vingt-deux garçons en culottes courtes et crampons (sponsorisés) courir après un ballon rond (sponsorisé lui aussi). C’est quand même assez «amusant» de penser que les joueurs s’enrichissent avec l’argent des pauvres…

Quel est le dernier stade d’évolution atteint par notre société? Le stade de foot!…

Aux chiottes l’arbitre…

Patrice AURO, journaliste humaniste, France

 

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